Elle raisonne cette chanson. Loin, tout au fond de mon être, les échos des notes et des voix se répercutent un peu partout. J’ai les yeux qui piquent. Je nous revois, gamins, empêtrés dans nos premières « histoires de grandes personnes ». J’me rends bien compte que quelque part, je ne suis pas, et je ne serai jamais, une grande personne. T’sais, cette vision de l’adulte qu’on aimerait nous faire avaler petit. La grande personne qui sait ce qu’elle fait, qui prend un chemin et qui le suit. J’sais pas ce que je fais. Je ne sais pas où je vais. Enfin, je sais à peu près ou je voudrais aller. Mais rien de plus. Et cette chanson, elle raisonne de joie, de toutes ces belles histoires, qui continuent encore aujourd’hui. Elle raisonne de peine aussi, de toutes ces belles histoires qui se sont finies, plus ou moins bien. Elle raisonne du manque de ces êtres chers, qui m’ont quittée et que je me plais à imaginer quelque part. Elle raisonne du malheur, de bonheur, du fragile équilibre qui fait la vie. Qui la rend belle, qui la fait passer trop vite. Elle raisonne, et de vibration en vibration les émotions se transforment en vague, qui se fracasse dans mon cœur, me nouant la gorge. Surtout ma p’tite vie, ne passe pas trop vite. Rappelle-moi sans cesse de profiter au maximum de ces êtres merveilleux qui peuplent ma vie. Rappelle-moi la chance que j’ai. Rappelle moi qu’aussi noir que soit le ciel, nos sourires chasseront les nuages et ramèneront le soleil. Ne me laisse jamais oublier, pour que le jour où je fermerai les yeux, j’ai encore la gorge nouée de larmes de joie à l’idée de tout ce que j’aurai vécu.