C’était bien. Vraiment bien. Les sourires sur les photos en témoignent encore. Un bonheur sans limite, comme on en voit dans les films à l’eau de rose qui font pleurer les sensibles et rire les cyniques. Des sourires simples, vrais. Des sourires devenus des souvenirs. De petite touche en petite touche, les sentiments se sont abîmés, comme usés par un vent trop fort. On dit qu’aimer ne suffit pas toujours, c’est vrai. Douloureux, mais vrai. Il est la, dans la pièce voisine. Il manque un souffle dans l’air, un soupir, une senteur bien particulière. Tout de lui s’en est allé. Et moi qui ne supportais plus sa présence dans ma pièce, je sens mon cœur vide et triste, privé de toute trace de lui. Evidemment qu’on aime encore, on oublie rien lorsqu’on aime d’un amour véritable. Il faut apprendre à vivre avec. Ou sans. L’amour noyé vous change, épuisé par le poids des rancoeurs, des agacements quotidiens, le plus fort des sentiments fini par se taire, par se faire oublier. J’aurais pu mentir, laisser mes sentiments s’user jusqu’à la trame, craquer un beau jour et tout réduire en miette définitivement. Au final le résultat n’est pas si différent. Sauf que définitivement privée de mon amour, le cœur aurait été moins serré, les heures moins longues et le mal moins fort. Mal pour moi, pour lui, pour tout. Malade d’en être arrivé la, malade d’avoir passé le point de non retour, de n’avoir pas su freiner pour éviter le mur. Et de l’avoir perdu.